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le pavillon vert.

Donc, le lendemain, un peu avant sept heures, Harris T. Kymbale descendit à la gare afin de prendre le train qui se dirigeait vers Columbus, à la frontière du Tennessee, en passant par Herculanum. Après avoir choisi sa place dans le dernier wagon qui communiquait par une passerelle avec le fourgon de bagages, il s’y installa. Dix-sept minutes devaient s’écouler avant qu’il eût à occuper son poste de combat.

Le temps était frais, l’air vif, et personne évidemment ne serait tenté de se tenir au dehors pendant la marche du convoi.

Le wagon occupé par Harris T. Kymbale ne contenait qu’une douzaine de voyageurs.

Lorsque le reporter consulta sa montre pour la première fois, elle lui indiqua sept heures cinq. Il n’avait donc plus que douze minutes à attendre et il attendit avec un calme que son adversaire ne possédait sans doute pas.

À sept heures quatorze, il se leva, vint se placer sur la passerelle, le revolver tiré hors du gousset du pantalon, les charges vérifiées, et il attendit encore.

À sept heures seize, un roulement grandissant se fit entendre sur l’autre voie, par laquelle le train d’Herculanum venait à toute vapeur en sens inverse.

Harris T. Kymbale releva le revolver à la hauteur de son front, prêt à l’abaisser horizontalement.

Les locomotives se croiseront, laissant en arrière un tourbillon de vapeurs blanches…

Une demi-seconde après, deux détonations éclatèrent simultanément.

Harris T. Kymbale sentit le vent d’une balle qui frôlait sa joue et à laquelle il avait répondu coup pour coup.

Puis les deux trains se perdirent dans le lointain.

Il ne faudrait pas croire que, pour avoir entendu ces deux coups de feu, les voyageurs du wagon se fussent dérangés. Non ! Cela n’était pas pour les émouvoir. Aussi Harris T. Kymbale vint-il tran-