de mon cottage futur, sous de magnifiques ombrages entretenus par les affluents du Cheery Creek. »
En vérité, Harris T. Kymbale n’a point exagéré les éloges dus à la capitale du Colorado et à l’État lui-même. Mais que de sang a baigné le sol de ce beau pays. Avant 1867, les pionniers durent lutter contre les Cheyennes, les Arrapahoes, les Kaysways, les Comanches, les Apaches, toutes ces farouches tribus de Peaux-Rouges, avec des chefs tels que le Chaudron-Noir, l’Antilope-Blanche, la Main-Gauche, le Genou-Foulé, le Petit-Manteau ! Et oubliera-t-on jamais les horribles massacres de Sand Creek qui, en 1864, assurèrent aux blancs la domination du pays sous le colonel Chivington ?…
L’après-midi du 26, le Pavillon Vert la passa dans la splendide capitale. Une réception fut organisée en son honneur à la résidence. On le sait, aux États-Unis, un homme vaut surtout par sa fortune, et, dans l’esprit des Coloradiens comme dans le sien d’ailleurs, Harris T. Kymbale valait soixante millions de dollars. Il se vit donc fêté selon son mérite par ces fastueux Américains qui ont de l’or non seulement dans leurs caisses, dans leurs poches, dans leur sol, mais jusque dans le nom de leurs principales cités !
Le lendemain, 27 mai, le quatrième partenaire prit congé du gouverneur, au milieu d’un grand concours de partisans, qui l’acclamèrent. Le train quitta Denver, atteignit la frontière à Fort Wallace, traversa le Kansas de l’ouest à l’est, puis le Missouri par sa capitale Jefferson City et, à la limite orientale, s’arrêta en gare de Saint-Louis le soir du 28.
L’intention de Harris T. Kymbale n’était point de séjourner dans cette grande ville qu’il connaissait, et il espérait bien n’y jamais être envoyé par le sort, puisque, cité de la cinquante-deuxième case, elle occupait la place de la prison dans le Noble Jeu de l’Oie. Au surplus, les États qu’il devait rencontrer avant son arrivée en South Carolina lui offraient d’attrayantes excursions, Tennessee, Alabama, Georgie. Aussi se proposait-il de choisir un des meilleurs hôtels à