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le testament d’un excentrique

« Eh !… s’écria-t-il, voilà notre ami…

— En personne, répondit celui-ci.

— Et toujours de bonne humeur…

— Toujours.

— Et vraiment, elle est bien drôle, cette réclamation de trois mille dollars…

— Que voulez-vous, cher monsieur, répondit M. Inglis, c’est le prix d’une nuit à Cheap Hotel.

— Vous parlez sérieusement ?… demanda Mrs Titbury qui pâlissait.

— Très sérieusement, madame. »

M. Titbury, dans un mouvement de colère, voulut s’élancer au dehors.

Deux bras vigoureux s’appesantirent sur ses épaules et le clouèrent sur place.

Ce Robert Inglis était tout simplement un de ces malfaiteurs comme il s’en rencontre trop en ces lointaines contrées de l’Union, gens toujours à l’affût d’occasions qui ne sont pas rares. Plus d’une fois déjà, maint voyageur avait été détroussé par ce prétendu quarante-troisième enfant d’un mariage mormon, aidé de complices tels que les deux individus de cette méchante auberge de Cheap Hotel, un abominable coupe-gorge ou tout au moins coupe-bourse. Mis sur une bonne piste, après l’interpellation de Max Réal, il avait offert ses services aux époux Titbury ; puis, ayant appris d’eux qu’ils étaient porteurs de trois mille dollars, — aveu très imprudent, on en conviendra, — il les avait conduits à ce cabaret isolé, où ils seraient entièrement à sa merci.

M. Titbury le comprit, mais trop tard.

« Monsieur, dit-il, j’entends que vous nous laissiez sortir à l’instant… J’ai affaire à la ville…

— Pas avant le 2 juin, le jour où doit arriver la dépêche, répondit en souriant M. Inglis, et nous ne sommes qu’au 29 mai.

— Ainsi vous prétendez nous retenir pendant cinq jours ?…

— Et même davantage, et même plus que davantage… répondit