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le testament d’un excentrique

convenait, il suivit M. Inglis qui avait voulu porter lui-même le sac et la couverture de l’« excellente et honorable dame ».

On descendit vers les bas quartiers de la cité dont les époux Titbury ne purent rien voir, car il faisait déjà presque nuit, on atteignit la rive droite d’une rivière que M. Inglis dit être Crescent River, et on chemina pendant environ trois milles.

Peut-être les Titbury trouvèrent-ils la course un peu longue ; mais à la pensée que l’hôtel serait d’autant moins cher qu’il était plus éloigné de la ville, ils ne songèrent point à se plaindre.

Enfin, vers huit heures et demie, au milieu d’une obscurité complète, le ciel était chargé, les voyageurs arrivèrent devant une maison dont ils ne purent juger l’apparence.

Quelques instants plus tard, l’hôtelier, — un gaillard de farouche mine, il faut l’avouer, — les introduisait dans une chambre du rez-de-chaussée, blanchie à la chaux, uniquement meublée d’un lit, d’une table et de deux chaises. Cela leur suffirait, et ils remercièrent M. Inglis, qui prit congé en promettant de revenir le lendemain matin.

Très fatigués, M. et Mrs Titbury, après avoir soupé des quelques provisions qui restaient dans le sac de voyage, se mirent au lit. Puis, bientôt endormis côte à côte, tous deux rêvèrent que les pronostics de cet obligeant M. Inglis se réalisaient et que le prochain coup de dés leur faisait gagner une vingtaine de cases.

Ils se réveillèrent à huit heures, ayant passé une bonne nuit bien reposante. Ils se levèrent sans hâte, n’ayant rien de mieux à faire que d’attendre leur guide afin de visiter la ville avec lui. Ce n’est pas qu’ils fussent curieux de leur nature, oh non ! mais comment refuser les offres de M. Robert Inglis, qui voulait leur montrer les merveilles de la grande cité mormone ?…

À neuf heures, personne. M. et Mrs Titbury, habillés, prêts à partir, regardaient par la fenêtre qui s’ouvrait sur la grande route devant Cheap Hotel.

Cette route, leur avait dit la veille leur obligeant cicerone, était l’ancien « Emigrants road ». Elle longeait Crescent River. Là cheminaient