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à pas de tortue.

connaître pendant le parcours, il ne manquerait pas de s’inscrire sous son nom véritable à un hôtel de Great Salt Lake City. Inutile, n’est-ce pas, de révéler en route cette situation de futur héritier de trois cents millions. Ce serait assez de le dire dans la capitale de l’Utah, et là, si on prétendait l’exploiter, M. Titbury saurait se défendre.

Que l’on juge donc de la désagréable surprise qu’éprouva le Pavillon Bleu, lorsque, devant un certain nombre de personnes descendues du train, il s’entendit interpeller de la sorte par le Pavillon Violet :

« Si je ne me trompe, c’est bien à M. Hermann Titbury, de Chicago, mon concurrent dans le match Hypperbone, que j’ai l’honneur de parler ?… »

Le couple tressaillit à l’unisson. Visiblement ennuyé d’être signalé à l’attention du public, M. Titbury se retourna et ne parut pas se souvenir d’avoir jamais vu l’importun, bien qu’il l’eût parfaitement reconnu, d’ailleurs.

« Je ne sais, monsieur… répondit-il. Est-ce à moi… par hasard… que vous vous adressez ?…

— Pardon, reprit le jeune peintre, il n’est pas possible que je me trompe !… Nous étions ensemble aux fameuses obsèques… à Chicago… Max Réal… le premier partant…

— Max Réal ?… » répliqua Mrs Titbury, comme si elle entendait prononcer ce nom pour la première fois.

Max Réal, qui commençait à s’impatienter, dit alors : « Ah çà ! monsieur, êtes-vous ou n’êtes-vous pas M. Hermann Titbury, de Chicago ?…

— Mais, monsieur, lui fut-il aigrement répondu, de quel droit vous permettez-vous de m’interroger ?…

— C’est ainsi que vous le prenez ! dit Max Réal, en renfonçant son chapeau sur sa tête. Vous ne voulez pas être M. Titbury, l’un des Sept, expédié d’abord au Maine, et ensuite à l’Utah… soit ! Cela vous regarde !… Quant à moi, je suis Max Réal, qui reviens du Kansas, et du Wyoming !… Et là-dessus, bonsoir !… »