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le testament d’un excentrique

qui ne se refusera pas à pousser de gais hurrahs en l’honneur de William J. Hypperbone…

— Je n’espérais pas moins d’un membre de notre Club, repartit le président, en approuvant de la tête.

— Il ne pouvait se faire enterrer comme un simple mortel, ajouta Thomas R. Carlisle.

— Aussi, reprit maître Tornbrock, William J. Hypperbone a-t-il manifesté sa volonté que la population entière de Chicago fût représentée à ses obsèques par une délégation de six membres tirés au sort dans des circonstances spéciales. En vue de ce projet, il avait, depuis quelques mois, réuni dans une urne les noms de tous ses concitoyens chicagois des deux sexes, compris entre vingt et soixante ans. Hier, comme ses instructions m’en faisaient le devoir, j’ai procédé à ce tirage en présence du maire et de ses adjoints. Puis, aux six premiers individus sortis j’ai donné connaissance par lettre chargée des dispositions du défunt, et je les ai invités à prendre rang en tête du cortège, en les priant de ne point se dérober au devoir de lui rendre les honneurs posthumes…

— Et ils se garderont bien d’y manquer, s’écria Thomas R. Carlisle, car il y a lieu de croire qu’ils seront très avantagés par le testateur… si même ils ne sont pas institués ses seuls héritiers…

— C’est possible, dit maître Tornbrock, et je n’en serais pas autrement étonné.

— Et quelles conditions devaient remplir ces personnes que le sort allait choisir ?… voulut savoir Georges B. Higginbotham.

— Une seule, répondit le notaire, — la condition d’être nées et domiciliées à Chicago.

— Quoi… pas d’autre ?…

— Pas d’autre.

— C’est entendu, répondit Thomas R. Carlisle. Et, maintenant, à quelle époque, monsieur Tornbrock, devrez-vous ouvrir le testament ?…

— Quinze jours après le décès.