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le testament d’un excentrique

— Il y aura foule…

— On s’y écrasera ! »

Pourtant, cette façon de juger le héros du jour n’était pas unanime. Du côté des abattoirs, là où sont plus volontiers appréciées les qualités physiques de préférence aux qualités morales ou intellectuelles, la taille, la vigueur, la puissance musculaire des individus, nombre de ces solides abatteurs haussaient les épaules.

« Une réputation surfaite… disait l’un.

— Et nous en avons qui le valent… disait l’autre.

— Plus de six pieds, à en croire les réclames…

— Des pieds qui n’ont pas douze pouces, peut-être…

— Faudra voir…

— Il paraît cependant qu’il a jusqu’ici la chance de battre tous ses concurrents…

— Bah !… On déclare tenir le record… Une manière d’attirer le public… Et puis, le public est volé…

— Ici, nous ne nous laisserons pas refaire…

— Est-ce qu’il ne vient pas du Texas ?… demanda un robuste gaillard, aux larges épaules, aux bras vigoureux, maculés du sang de l’abattoir.

— Du Texas… tout droit, répondit un de ses camarades, non moins taillé en force.

— Alors, attendons…

— Oui… attendons… Il y en a plus d’un déjà qui nous est arrivé du dehors, et qui aurait mieux fait de rester chez lui…

— Après tout, s’il gagne !… C’est possible, et cela ne m’étonnerait pas !… »

Il y avait divergence d’appréciations, on le voit, et, au total, cela n’eût pas été pour satisfaire John Milner, débarqué la veille à Cincinnati avec le deuxième partenaire, Tom Crabbe, que son second coup de dés avait expédié de la capitale du Texas à la métropole de l’Ohio.

C’était à Austin, le 17 mai, midi, que John Milner avait reçu avis