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la situation au 27 mai.

blir l’identité de cet X K Z. Au total, s’il gagnait, s’il devenait l’unique héritier des millions de William J. Hypperbone, cela n’irait pas sans que son nom retentît dans les cinq parties du monde. Au contraire, s’il ne gagnait pas, importait-il de savoir s’il était vieux ou jeune, grand ou petit, gras ou maigre, blond ou brun, riche ou pauvre, et sous quelle appellation patronymique il avait été inscrit sur les registres de sa paroisse ?…

En attendant, les péripéties du jeu étaient suivies avec une extrême attention dans le monde où l’on spécule, chez les coureurs de chances, les chasseurs d’aléas, les adorateurs du boom. Les bulletins financiers donnaient la situation jour par jour, comme ils publiaient les cours de la Bourse. Non seulement à Chicago qu’un chroniqueur baptisa « Ville de paris » et dans toutes les grandes villes de l’Union, mais dans les bourgades, jusque dans les plus petits villages, les joueurs s’engageaient avec un remarquable entrain.

Les principales cités, New York, Boston, Philadelphie, Washington, Albany, Saint-Louis, Baltimore, Richmond, Charleston, Cincinnati, Détroit, Omaha, Denver, Salt Lake City, Savanah, Mobile, la Nouvelle-Orléans, San Francisco, Sacramento, possédaient des agences spéciales dont les affaires marchaient à merveille. On pensait que leur nombre doublerait, triplerait, quadruplerait, décuplerait au fur et à mesure des incidents provoqués par le caprice des dés, dont Max Réal, Tom Crabbe, Hermann Titbury, Harris T. Kymbale, Lissy Wag, Hodge Urrican et X K Z seraient les bénéficiaires ou les victimes. De véritables marchés s’étaient fondés, avec courtiers et cotes, où se faisaient les demandes et les offres, où l’on vendait, où l’on achetait à des taux variables les chances de tel ou tel.

Il va de soi que ce courant ne s’était pas uniquement canalisé aux États-Unis d’Amérique. Il avait passé la frontière et se ramifiait à travers le Dominion, par Québec, Montréal, Toronto et autres villes importantes du Canada. Et aussi coulait-il vers le Mexique, vers les petits États baignés des eaux du golfe. Puis il se déversait sur l’Amérique du Sud, la Colombie, le Venezuela, le Brésil, la Répu-