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la cinquième partenaire.

— Absolument, monsieur, puisque nous devons partir demain matin.

— Ah ! c’est à mademoiselle Jovita Foley que j’ai l’honneur de parler…

— À elle-même, monsieur, et, en ce qui vous concerne, puis-je remplacer Lissy ?…

— Je préférerais la voir… la voir de mes propres yeux… si c’est possible…

— Vous demanderai-je pour quelle raison ?…

— Je n’ai point à vous cacher ce qui m’amène, mademoiselle… J’ai l’intention de parier dans le match Hypperbone… d’engager une forte somme sur la cinquième partenaire… et vous comprenez… je désirerais… »

Si Jovita Foley comprenait… et si elle fut ravie ! Enfin il y avait quelqu’un à qui les chances de Lissy Wag paraissaient assez sérieuses pour qu’il voulût risquer sur elle des milliers de dollars.

« Ma visite sera courte… très courte ! » ajouta le monsieur en s’inclinant.

C’était un homme d’une cinquantaine d’années, la barbe grisonnante, les yeux vifs encore derrière son binocle, plus vifs même que ne le comportait son âge, l’air d’un gentleman, figure distinguée, taille droite, voix d’une extrême douceur. Tout en insistant pour voir Lissy Wag, il ne le faisait qu’avec une parfaite politesse, s’excusant de la déranger, précisément à la veille d’un voyage de cette importance…

En somme, Jovita Foley ne crut pas qu’il pût y avoir le moindre inconvénient à le recevoir, puisque sa visite ne devait pas se prolonger.

« Puis-je connaître votre nom, monsieur ?…

— Humphry Weldon, de Boston, Massachusetts, » répondit le gentleman.

Et il pénétra dans la première chambre dont Jovita Foley venait d’ouvrir la porte, puis se dirigea vers la seconde chambre dans laquelle se tenait Lissy Wag.

En apercevant le visiteur, celle-ci voulut se lever.