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supérieures à celles de la Virginie, et je suis certaine que si ta bronchite…

— Mais, fit observer Lissy Wag, est-ce que ce n’est pas à Milwaukee que nous devons aller ?…

— Oui… Milwaukee, la principale ville de l’État, et dont le nom signifie en vieille langue indienne « beau pays ! »… une cité de deux cent mille âmes, ma chère, beaucoup d’Allemands, par exemple !… Aussi l’appelle-t-on l’Athènes germano-américaine !… Ah ! si nous y étions, quelles délicieuses promenades à faire sur les falaises où s’élèvent de superbes maisons en bordure du fleuve… rien que des quartiers élégants et propres… rien que des constructions en briques d’un blanc laiteux… — ce qui lui a valu le nom… Voyons… tu ne devines pas ?…

— Non, Jovita.

— Cream City, ma chère… la Cité crème !… On y tremperait son pain !… Ah ! pourquoi faut-il que cette maudite bronchite nous empêche de nous y rendre ! »

Puis, le Wisconsin comptait nombre d’autres villes que toutes deux auraient eu le temps de visiter, si elles avaient pu partir dès le 9. C’était Madison, bâtie sur son isthme comme sur un pont entre le lac Mendota et le lac Monona, qui se déversent l’un dans l’autre. Puis d’autres bourgades avec des noms bizarres… Fond-du-Lac, au bord de la rivière du Renard, sur un sol percé de puits artésiens… une vraie écumoire… Et encore un joli endroit qu’on nomme Eau-Claire avec un admirable torrent qui justifie ce nom… et le lac Winnebago… et la Baie-Verte… et le mouillage des Douze-Apôtres devant la baie d’Ashland… et le lac du Diable, une des beautés naturelles de ce merveilleux Wisconsin…

Et Jovita Foley lisait d’une voix enthousiasmée les pages de son guide, et elle racontait les diverses transformations de ce pays, jadis parcouru par les tribus indiennes, reconnu et colonisé par les Franco-Canadiens, à une époque où on le désignait encore sous le nom de Badger State, — l’État du Blaireau.