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partit », comme on dit, et elle n’aurait pu se retenir plus longtemps. D’ailleurs Lissy Wag venait de demander :

« Est-ce que ce n’est pas aujourd’hui le 11 mai ?…

— Le 11, ma chérie, répondit-elle d’une voix éclatante, et, depuis deux jours, nous devrions être installées à l’hôtel dans cette belle ville de Milwaukee… si nous n’étions pas clouées ici par la bronchite !…

— Eh bien, reprit Lissy Wag, puisque nous sommes au 11… le sixième coup de clés a dû être joué…

— Sans doute.

— Et alors ?…

— Et alors… Non, vois-tu, jamais je n’ai eu tant de plaisir… jamais !… Tiens… que je t’embrasse !… Je ne voulais pas te raconter la chose… parce qu’il ne faut pas t’émotionner… Bon !… c’est plus fort que moi !

— Parle donc, Jovita…

— Figure-toi… ma chérie… il a tiré neuf, lui aussi… mais par quatre et cinq !

— Qui… lui ?…

— Le commodore Urrican…

— Eh… il me semble que ce coup est meilleur…

— Oui… puisqu’il va du premier coup à la cinquante-troisième case… en grande avance sur tous les autres… mais il est aussi très mauvais… »

Et Jovita Foley s’abandonnait à une jubilation non moins extraordinaire qu’inexplicable.

« Et pourquoi est-ce mauvais ?… demanda Lissy Wag.

— Parce que le commodore est envoyé au diable !…

— Au diable ?…

— Oui !… au fond de la Floride. »

Tel était, en effet, le résultat du tirage de ce matin, proclamé avec une visible satisfaction par maître Tornbrock, encore irrité contre Hodge Urrican. Ce résultat, de quelle façon le commodore l’avait-il