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les transes de jovita foley.

prétention de Hodge Urrican, soutenu par des partisans bien dignes de naviguer sous son pavillon.

Enfin maître Tornbrock parvint à calmer cette houleuse assistance, et, lorsque le silence fut rétabli :

« La proposition de M. Hodge Urrican, dit-il, repose sur une fausse interprétation des volontés du testateur, et elle est en contradiction avec les règles du Noble Jeu des États-Unis d’Amérique. Quel que soit l’état de santé de la cinquième partenaire, et lors même que cet état se serait aggravé jusqu’à la rayer du nombre des vivants, mon devoir d’exécuteur testamentaire de feu William J. Hypperbone n’en serait pas moins de procéder au tirage de ce 9 mai, et au profit de miss Lissy Wag. Dans quinze jours, si elle n’est pas rendue à son poste, morte ou non, elle sera déchue de ses droits, et la partie continuera de se jouer entre six partenaires. »

Véhémentes protestations de Hodge Urrican. Il soutint d’une voix furieuse que, s’il y avait une fausse interprétation du testament, c’était celle de maître Tornbrock, bien que le notaire eût pour lui l’approbation de l’Excentric Club. Et, en lançant ses phrases comminatoires, le commodore, si rouge de colère qu’il fût, paraissait pâle auprès de son compagnon, dont la face était poussée jusqu’à l’écarlate.

Aussi eut-il le sentiment qu’il fallait retenir Turk pour prévenir un malheur. Après l’avoir arrêté, au moment où celui-ci essayait de se dégager :

« Où vas-tu ?… dit-il.

— Là… répondit Turk en montrant du poing la scène.

— Pour ?…

— Pour prendre ce Tornbrock par la peau du cou et le jeter dehors comme un marsouin…

— Ici… Turk… ici ! » commanda Hodge Urrican.

Et l’on put entendre dans la poitrine de Turk un rugissement sourd de fauve mal dompté, qui ne demande qu’à dévorer son dompteur.

Huit heures sonnèrent.