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le testament d’un excentrique

« Tais-toi… Turk… tais-toi !… lui signifia le commodore Urrican, comme s’il eût parlé à un chien.

— Que je me taise…

— À l’instant ! »

Turk se résigna au silence sous le fulgurant regard de Hodge Urrican, qui reprit :

« Et si je fais cette proposition, c’est que j’ai de sérieux motifs de croire que la cinquième partenaire ne pourra partir ni aujourd’hui… ni demain…

— Pas même dans huit jours… cria un des spectateurs du fond de la salle.

— Ni dans huit jours, ni dans quinze, ni dans trente, affirma le commodore Urrican, puisqu’elle est morte ce matin, à cinq heures quarante-sept… »

Un long murmure suivit cette déclaration. Mais il fut aussitôt dominé par une voix féminine, répétant par trois fois :

« C’est faux… faux… faux… puisque moi, Jovita Foley, j’ai quitté Lissy Wag, il y a vingt-cinq minutes, vivante et bien vivante ! »

Alors les clameurs de reprendre, et nouvelles protestations du groupe Urrican. Après la déclaration si formelle du commodore, Lissy Wag manquait évidemment à toutes les convenances. Est-ce qu’elle n’aurait pas dû être morte, puisqu’il avait affirmé sa mort ?…

Et, cependant, quoi qu’il en eût, il aurait été difficile de tenir compte de l’observation de Hodge Urrican. Néanmoins, l’irréductible personnage insista en modifiant toutefois son argumentation comme suit :

« Soit… la cinquième partenaire n’est pas morte, mais elle n’en vaut guère mieux !… Aussi, en présence de cette situation, je demande que mon tour de dés soit avancé de quarante-huit heures, et que le coup qui va être proclamé dans quelques instants soit attribué au sixième partenaire, lequel par ce fait sera désormais classé au cinquième rang. »

Nouveau tonnerre de cris et de piétinements à la suite de cette