Page:Verne - Le Testament d’un excentrique, Hetzel, 1899.djvu/18

Cette page a été validée par deux contributeurs.
15
toute une ville en joie.

À l’extrémité de ce boulevard se déploie dans toute sa magnificence le parc de Washington, qui embrasse une étendue de trois cent soixante et onze acres.

La foule l’encombrait, comme elle le faisait quelques années auparavant, lors de la grande Exposition organisée dans son voisinage. De quatre heures à quatre heures et demie, il y eut un stationnement pendant lequel fut remarquablement exécuté par les orphéonistes, et aux applaudissements de l’innombrable auditoire, l’« In Praise of God » de Beethoven.

Puis la promenade reprit sous les ombrages du parc jusqu’à la partie que comprit avec Midway Plaisance l’ensemble de la World’s Columbian Fair, dans la vaste enceinte de Jackson Park, sur le littoral même du lac Michigan.

Le char allait-il se diriger vers cet emplacement désormais célèbre ?… S’agissait-il d’une cérémonie qui en rappellerait le souvenir, d’un anniversaire qui, fêté annuellement, ne laisserait jamais oublier cette date mémorable des annales chicagoises ?…

Non, après avoir contourné Washington Park Club par Cottage Greve Avenue, les premiers rangs de la milice firent halte devant un parc que les railways entourent de leur multiple réseau d’acier en ce quartier populeux.

Le cortège s’arrêta, et, avant de pénétrer sous l’ombrage de chênes magnifiques, les instrumentistes firent entendre l’une des plus entraînantes valses de Strauss.

Ce parc était-il donc celui d’un casino, et un immense hall attendait-il là tout ce monde, convié à quelque festival de nuit carnavalesque ?…

Les portes venaient de s’ouvrir largement, et les agents ne parvenaient qu’au prix de grands efforts à maintenir la foule, plus nombreuse en cet endroit, plus bruyante, plus débordante aussi.

Cette fois, elle n’avait pas envahi le parc que protégeaient divers détachements de la milice, afin de permettre au char d’y pénétrer