Page:Verne - Le Testament d’un excentrique, Hetzel, 1899.djvu/178

Cette page a été validée par deux contributeurs.
168
le testament d’un excentrique

— Moi ?… Sois tranquille… Et, d’ailleurs, nous avons de bons voisins qui me remplaceraient, si c’était nécessaire… Dors en toute confiance, ma Lissy. »

Et, après avoir pressé la main de son amie, la jeune fille se retourna et ne tarda pas à s’assoupir.

Cependant, ce qui inquiéta et irrita Jovita Foley, c’est que, dans l’après-midi, la rue présenta une animation peu ordinaire à ce quartier tranquille. Il s’y faisait un tumulte de nature à troubler le repos de Lissy Wag, même à ce neuvième étage de la maison. Des curieux allaient et venaient sur les trottoirs. Des gens affairés s’arrêtaient, s’interrogeaient devant le numéro 19. Des voitures arrivaient avec fracas et repartaient à toute bride vers les grands quartiers de la ville.

« Comment va-t-elle ?… disaient les uns.

— Moins bien… répondaient les autres.

— On parle d’une fièvre muqueuse…

— Non… d’une fièvre typhoïde…

— Ah ! la pauvre demoiselle !… Il y a des personnes qui n’ont vraiment pas de veine !…

— C’en est une pourtant de figurer parmi les « Sept » du match Hypperbone !

— Bel avantage, si l’on ne peut pas en profiter !

— Et quand même Lissy Wag serait en mesure de prendre le train, est-ce qu’elle est capable de supporter les fatigues de tant de voyages ?…

— Parfaitement… si la partie s’achève en quelques coups… ce qui est possible…

— Et si elle dure des mois ?…

— Sait-on jamais sur quoi compter avec le hasard ! »

Et mille propos de ce genre.

Il va sans dire que nombre de curieux, — peut-être de parieurs, et assurément des chroniqueurs, — se présentèrent au domicile de Jovita Foley. Malgré leurs instances, celle-ci refusait de les recevoir.

De là, des nouvelles contradictoires, empreintes d’exagération,