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les transes de jovita foley.

« Ce ne sera pas sérieux, dit-il, à moins qu’il ne survienne quelques complications graves…

— Ces complications sont-elles à craindre ?… demanda Jovita Foley, troublée de cette déclaration.

— Oui et non, répondit le D. M. P. Pughe. Non… si la maladie est enrayée dès le début…, oui, si malgré nos soins, elle ne l’est pas et prend un développement que les remèdes seraient impuissants à réduire…

— Cependant, reprit Jovita Foley que ces réponses évasives rendaient de plus en plus inquiète, pouvez-vous vous prononcer sur la maladie ?…

— Assurément et d’une façon péremptoire.

— Parlez donc, docteur !

— Eh bien, j’ai diagnostiqué une bronchite simple… Les bases des deux poumons sont atteintes… Il y a un peu de râle… mais la plèvre est indemne… Donc… jusqu’ici… pas de pleurésie à redouter… Mais…

— Mais ?…

— Mais la bronchite peut dégénérer en pneumonie, et la pneumonie en congestion pulmonaire… C’est ce que j’appelle les complications graves. »

Et le praticien prescrivit les médicaments d’usage, gouttes d’alcoolature d’aconit, sirops calmants, tisanes chaudes, repos, — repos surtout. Puis, sur la promesse de revenir dans la soirée, il quitta la maison, ayant hâte de regagner son cabinet que les reporters assiégeaient déjà sans doute.

Les complications possibles se produiraient-elles, et si elles se produisaient, qu’arriverait-il ?…

En présence de cette éventualité, Jovita Foley fut au moment de perdre la tête. Pendant les heures qui suivirent, Lissy Wag lui parut plus souffrante, plus accablée. Des frissons annoncèrent un second accès de fièvre, le pouls battit avec une fréquence irrégulière, et la prostration s’accrut.