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le testament d’un excentrique

Jovita Foley se leva aussitôt, lui donna les premiers soins, quelques boissons rafraîchissantes, la recouvrit chaudement, répétant d’une voix peu rassurée :

« Cela ne sera rien, ma chérie, cela ne sera rien…

— Je l’espère, répondait Lissy Wag, car ce serait tomber malade au mauvais moment. »

C’était l’avis de Jovita Foley, qui n’eut même pas la pensée de se recoucher, et veilla près de la jeune fille dont le sommeil fut très péniblement agité.

Le lendemain, dès l’aube, toute la maison savait que la cinquième partenaire était assez souffrante pour qu’il eût été nécessaire d’envoyer chercher un médecin, et, ce médecin, on l’attendait encore à neuf heures.

La maison étant mise au courant de la situation, la rue ne tarda pas à l’être, puis le quartier, puis la section, puis la ville, car l’information se répandit avec cette vitesse électrique dont sont particulièrement douées les funestes nouvelles.

Pourquoi s’en étonner, d’ailleurs ?… Miss Wag n’était-elle pas la femme du jour… la personnalité la plus en vue depuis le départ d’Harris T. Kymbale ?… N’était-ce pas sur elle que se portait l’attention du public… l’unique héroïne parmi les six héros du match Hypperbone ?…

Or, voilà Lissy Wag malade, — sérieusement peut-être, — à la veille du jour où le destin allait se prononcer à son égard !

Enfin le médecin demandé, le D. M. P. Pughe, fut annoncé un peu après neuf heures. Il interrogea d’abord Jovita Foley sur le tempérament de la jeune fille :

« Excellent », lui fut-il répondu.

Le docteur vint alors s’asseoir près du lit de Lissy Wag, il la regarda attentivement, il lui fit tirer la langue, il lui tâta le pouls, il l’écouta, il l’ausculta. Rien du côté du cœur, rien du côté du foie, rien du côté de l’estomac. Enfin, après un examen consciencieux, qui, à lui seul, eût valu quatre dollars la visite :