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le testament d’un excentrique

Enfin arriva le 8 mai, et, le lendemain, les deux jeunes voyageuses se mettraient en route… Et rien qu’avec les charbons ardents que Jovita Foley piétinait depuis une semaine, on aurait chauffé une locomotive de grande vitesse qui eût pu la conduire à l’extrémité de l’Amérique.

Il va sans dire que Jovita Foley avait acheté un guide général des voyages à travers les États-Unis, le meilleur et le plus complet des Guide-Books, qu’elle le feuilletait, le lisait, le relisait sans cesse, bien qu’elle ne fût pas en mesure d’étudier un itinéraire plutôt qu’un autre.

D’ailleurs, pour être tenu au courant, il suffisait de consulter les journaux de la métropole ou ceux de n’importe quelle autre ville. Des correspondances s’étaient immédiatement établies entre chaque État sorti au tirage et plus spécialement avec chacune des localités indiquées dans la note de William J. Hypperbone. La poste, le téléphone, le télégraphe, fonctionnaient à toute heure. Feuilles du matin, feuilles du soir, contenaient des colonnes d’informations plus ou moins véridiques, plus ou moins fantaisistes même, on doit l’avouer. Il est vrai, le lecteur au numéro comme l’abonné sont toujours d’accord sur ce point : plutôt des nouvelles fausses que pas du tout de nouvelles.

Du reste, ces informations dépendaient, on le comprend, des partenaires et de leur façon de procéder. Ainsi, en ce qui concernait Max Réal, si les renseignements ne pouvaient être sérieux, c’est qu’il n’avait mis personne, à l’exception de sa mère, dans la confidence de ses projets. N’ayant pas été signalé à Omaha avec Tommy, puis à Kansas City, à son débarquement du Dean Richmond, les reporters avaient en vain recherché ses traces, et on ignorait ce qu’il était devenu.

Une non moins profonde obscurité enveloppait encore Hermann Titbury. Qu’il fût parti le 5 avec Mrs Titbury, nul doute à cet égard, et il n’y avait plus à la maison de Robey Street que la servante, ce molosse féminin dont il a été question. Mais, ce qu’on ne savait