peut-être de longue durée ; puis elle se mettait à compter, à recompter l’argent disponible, toutes leurs économies converties en papier et en or, que les hôtels, les railroads, les voitures, l’imprévu, dévoreraient à la grande désolation de Lissy Wag. Et elle causait de tout cela avec les locataires, si nombreux dans ces immenses ruches de Chicago à dix-sept étages. Et elle descendait par l’ascenseur et remontait dès qu’elle avait appris quelque nouvelle des journaux et des crieurs de la rue.
« Ah ! ma chérie, dit-elle un jour, il est parti, ce monsieur Max Réal, mais où est-il ?… Il n’a pas même fait connaître son itinéraire pour le Kansas ! »
Et, effectivement, les plus fins limiers de la chronique locale n’avaient pu se jeter sur les traces du jeune peintre, dont on ne comptait pas avoir de nouvelles avant le 15, c’est-à-dire une semaine après que Jovita Foley et Lissy Wag seraient lancées sur les grandes routes de l’Union.
« Eh bien, à parler franc, dit Lissy Wag, c’est, de tous nos partenaires, ce jeune homme auquel je m’intéresse le plus…
— Parce qu’il t’a souhaité bon voyage, n’est-ce pas ?… répondit Jovita Foley.
— Et aussi parce qu’il me paraît digne de toutes les faveurs de la fortune.
— Après toi, Lissy, j’imagine ?…
— Non, avant.
— Je comprends !… Si tu ne faisais pas partie des « Sept », répondit Jovita, tes vœux seraient pour lui…
— Et ils le sont tout de même !
— C’est entendu, mais comme tu en fais partie, et moi aussi en qualité d’amie intime, avant d’implorer le ciel pour ce Max Réal, je t’engage à l’implorer pour moi. D’ailleurs, je te le répète, on ignore où il est… cet artiste, pas loin de Fort Riley, je suppose… à moins que quelque accident…
— Il faut espérer que non, Jovita !