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le testament d’un excentrique

quitté Chicago et celui où elle devrait quitter à son tour la métropole illinoise.

En quelles impatiences elle passa cette interminable semaine, ou, pour dire le vrai, Jovita Foley la passa en son lieu et place ! Elle ne parvenait pas à la calmer. Son amie ne mangeait plus, elle ne dormait plus, elle ne vivait plus. Les préparatifs avaient été faits dès le lendemain du premier coup de dés, le 1er du mois, à huit heures du matin, et, deux jours après, elle avait obligé Lissy Wag à l’accompagner jusqu’à la salle de l’Auditorium, où le second coup allait s’effectuer en présence d’une foule toujours aussi nombreuse, toujours aussi émotionnée. Puis les troisième et quatrième coups furent proclamés à la date des 5 et 7 mai. Quarante-huit heures encore, et le sort allait se prononcer sur les deux amies, car on ne les séparait pas l’une de l’autre : les deux jeunes filles ne faisaient qu’une seule et même personne.

Il faut s’entendre, cependant. C’était Jovita Foley qui absorbait Lissy Wag, celle-ci étant réduite à ce rôle de mentor, prudent et raisonnable, qu’on ne veut jamais écouter.

Inutile de dire que le congé accordé par M. Marshall Field à sa sous-caissière et à sa première vendeuse avait commencé le 16 avril, le lendemain de la lecture du testament. Ces deux demoiselles n’étaient plus astreintes à se rendre au magasin de Madison Street. Cela ne laissait pas, cependant, de causer quelque inquiétude à la plus sage. Car, enfin, en cas que l’absence se prolongeât des semaines, des mois, leur patron pourrait-il si longtemps se priver d’elles ?…

« Nous avons eu tort… répétait Lissy Wag.

— C’est entendu, répondait Jovita Foley, et nous continuerons d’avoir tort tant qu’il le faudra. »

Cela dit, la nerveuse et impressionnable personne ne cessait d’aller, de venir dans le petit appartement de Sheridan Street. Elle ouvrait l’unique valise qui renfermait le linge et les vêtements de voyage, elle s’assurait que rien n’était oublié pour un déplacement