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le testament d’un excentrique

— Mille dollars pour toi… si je suis demain… avant midi… à Santa Fé…

— Mille dollars… que vous dites ?… répliqua l’Hispano-Américain en clignant de l’œil.

— Mille dollars… à la condition, bien entendu, que je gagne la partie !

— Ah ! fit Isidorio, à la condition que…

— Évidemment.

— Soit… ça va tout de même ! » et il enleva son cheval d’un triple coup de fouet.

À minuit, la carriole n’avait encore atteint que le haut de la passe, et les inquiétudes de Harris T. Kymbale redoublèrent. C’est pourquoi, ne se contenant plus :

« Isidorio, déclara-t-il en lui frappant sur l’épaule, j’ai une nouvelle proposition à te faire…

— Faites, monsieur Kymbale.

— Dix mille… oui ! dix mille dollars… si j’arrive à temps…

— Dix mille… que vous dites ?… répéta Isidorio.

— Dix mille !

— Et toujours si vous gagnez la partie ?…

— Assurément ! »

Pour redescendre la chaîne, sans aller jusqu’à Galisteo prendre le petit tronçon du railroad, — ce qui eût fait perdre un certain temps, — puis suivre la vallée du rio Chiquito et atteindre Santa Fé, soit une cinquantaine de milles, il n’y avait plus que douze heures.

Il est vrai, la route était praticable, peu montante, et il eût été difficile d’avoir un meilleur cheval que celui du relais de Tuos. Donc, à la rigueur, il était possible d’arriver au but dans le délai fixé, mais à la condition de ne pas s’attarder une minute, et si l’état climatérique restait favorable.

Or, la nuit était magnifique, une lune qui semblait avoir été commandée par une dépêche de l’obligeant Bickhorn, température agréable, jolie brise de nord très rafraîchissante, vent arrière qui,