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le testament d’un excentrique

— Mais, demanda le clergyman, est-ce que l’envoi à cette sixième case, où il y a un pont, ne vous oblige pas à payer une première prime ?…

— Bah ! mille dollars, voilà qui ne ruinera pas la Tribune ! de la station de Niagara Falls, je lui lancerai un chèque-télégramme qu’elle s’empressera d’acquitter…

— Et d’autant plus volontiers, déclara le Yankee, que ce match Hypperbone, c’est pour elle une affaire…

— Qui deviendra une bonne affaire, répondit avec assurance Harris T. Kymbale.

— J’en suis tellement certain, dit le commerçant chicagois, que, si je pariais, je parierais pour vous…

— Et vous feriez bien ! » répliqua le reporter.

On jugera, d’après ces réponses, que sa confiance en lui-même égalait au moins celle que Jovita Foley avait en son amie Lissy Wag.

« Pourtant, fit alors remarquer le clergyman, n’y a-t-il pas un de vos concurrents qui, à mon avis, serait plus à redouter que les autres ?…

— Lequel, mon révérend ?…

— Le septième, monsieur Kymbale, celui qui est uniquement désigné par les initiales X K Z…

— Ce partenaire de la dernière heure ! s’écria le journaliste. Allons donc ! il bénéficie des circonstances mystérieuses qui l’entourent… C’est l’homme masqué dont les badauds raffolent en général… Mais on finira par percer son incognito, et, quand ce serait le président des États-Unis en personne, il n’y aurait pas plus lieu de le craindre que n’importe quel autre des Sept ! »

Du reste, il n’était guère probable que ce fût le président des États-Unis dont le testateur eût fait choix pour septième partant. En Amérique, d’ailleurs, personne n’eût trouvé malséant que le premier personnage de l’Union fût entré en lutte pour disputer à ses concurrents une fortune de soixante millions de dollars.

Sept cents milles environ séparent Chicago de New York, et Harris T. Kymbale n’en avait à franchir que les deux tiers pour