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le testament d’un excentrique

— C’est-à-dire un individu qui se permet de voyager sous un faux nom ! repartit le juge, comme s’il eût dit : Encore un crime ajouté à tant d’autres !

— Oui… M. Titbury, de Chicago, le troisième partant du match Hypperbone, le futur héritier de son immense fortune ! »

Cette déclaration ne parut produire aucun effet sur R. T. Ordak. Ce magistrat, aussi mal embouché qu’impartial, n’entendait pas faire plus de cas de ce troisième partenaire que de n’importe quel matelot du port.

Aussi, de sa voix sifflante, et comme s’il suçait chacun de ses mots, prononça-t-il :

« Eh bien, ce sera M. Titbury de Chicago, Illinois, qui payera les trois cents dollars d’amende, et en outre, pour s’être permis de se présenter devant la justice sous un nom qui n’est pas le sien, je le condamne à huit jours de prison. »

Cela fut le comble, et, auprès de Mrs Titbury, écroulée sur son banc, M. Titbury s’écroula à son tour.

Huit jours de prison, et c’était dans cinq jours qu’arriverait la dépêche attendue, et le 19 il faudrait repartir pour aller peut-être à l’autre extrémité des États-Unis, et faute d’y être au jour dit, on serait exclu de la partie engagée…

On l’avouera, voilà qui était autrement grave pour M. Titbury que s’il eût été envoyé à la cinquante-deuxième case, État du Missouri, dans la prison de Saint-Louis. Là, du moins, il aurait encore eu la possibilité d’être délivré par un de ses partenaires, tandis que dans la prison de Calais, et de par la volonté du juge R. T. Ordak, il resterait enfermé jusqu’à l’expiration de sa peine.