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un et un font deux.

Lorsque M. et Mrs Field furent seuls, après la sortie de l’aubergiste qui les avait conduits à cette chambre, dès que la porte eut été refermée, verrous tirés en dedans, tous deux vinrent coller leur oreille contre le vantail, voulant s’assurer que personne ne pourrait les entendre.

« Enfin, dit l’un, nous voici au terme du voyage !…

— Oui, répondit l’autre, après trois jours et trois nuits bien comptés depuis notre départ !

— J’ai cru que cela ne finirait pas, reprit M. Field, en laissant retomber ses bras, comme si ses muscles eussent été hors d’état de fonctionner.

— Ce n’est pas fini ! dit Mrs Field.

— Et combien cela nous coûtera-t-il ?…

— Il ne s’agit pas de ce que cela peut coûter, répliqua aigrement la dame, mais de ce que cela peut rapporter…

— Enfin, ajouta le monsieur, nous avons eu la bonne idée de ne pas voyager sous nos noms véritables !

— Une idée de moi…

— Et excellente !… Nous vois-tu à la merci des hôteliers, des aubergistes, des voituriers, de tous ces écorcheurs, engraissés de ceux qui passent par leurs mains, et cela sous prétexte que des millions de dollars vont tomber dans notre poche…

— Nous avons bien fait, répliqua Mrs Field, et nous continuerons à réduire nos dépenses le plus possible… Ce n’est pas dans les buffets des gares que nous avons jeté notre argent depuis trois jours… et j’espère bien continuer…

— N’importe, nous aurions peut-être mieux fait de refuser…

— Assez, Hermann ! déclara Mrs Field d’un ton impérieux. N’avons-nous pas autant de chances que les autres d’arriver premiers ?…

— Sans doute, Kate, mais le plus sage aurait été de signer l’engagement… de se partager l’héritage…

— Ce n’est pas mon avis. D’ailleurs, le commodore Urrican y faisait opposition, et cet X K Z n’était pas là pour donner son consentement…