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le premier partant.

Il était alors cinq heures du soir.

Là, tous deux étaient en sûreté, et lorsque les derniers rangs de la horde eurent disparu du côté de la rivière :

« Vite… vite ! » s’écria Max Réal. Tommy ne se hâtait guère de quitter la branche sur laquelle il s’était achevalé.

« Vite… te dis-je, ou je perdrai soixante millions de dollars, et je ne pourrai pas faire de toi un vil esclave ! »

Max Réal plaisantait et il ne courait point risque d’arriver en retard à Fort Riley. C’est pourquoi, au lieu de regagner la station, dont il était trop éloigné maintenant, et où il ne trouverait peut-être pas un train en partance, s’en alla-t-il tranquillement de son pied léger à travers la plaine. Puis, le soir venu, il se guida sur les lointaines lumières qui brillaient à l’horizon.

C’est ainsi que s’effectua cette dernière partie du voyage, et huit heures n’avaient pas encore sonné à l’horloge de la ville, lorsque Max Réal et Tommy se trouvèrent devant Jackson Hotel.

Le premier partant était donc à l’endroit que William J. Hypperbone avait choisi dans la huitième case. Et pourquoi ce choix ? Probablement parce que, si le Missouri, situé au centre géographique de l’Union, a pu être appelé l’État Central, le Kansas, d’autre part, justifie celle appellation, puisqu’il en occupe le milieu géométrique, et que Fort Riley est placé au cœur même de l’État.

Or, c’est à ce propos qu’un monument a été édifié près de Fort Riley, au point où se réunissent les rivières Smoky Hill et Republican.

Enfin, que ce fût cette raison ou une autre, Max Réal était sain et sauf à Fort Riley. Le lendemain, en quittant Jackson Hotel où il était descendu, Max Réal se rendit au Post Office, entra dans le bureau et s’informa si un télégramme avait été expédié à son adresse.

« Le nom de monsieur ?… demanda l’employé.

— Max Réal.

— Max Réal… de Chicago ?…

— En personne…