Page:Verne - Le Testament d’un excentrique, Hetzel, 1899.djvu/100

Cette page a été validée par deux contributeurs.
94
le testament d’un excentrique

Il était trop tard pour se livrer à ces réflexions. À présent, le train courait à toute vapeur sur les plaines de l’Iowa. Max Réal ne put rien apercevoir d’Iowa City, dans la vallée de ce nom, et qui, pendant seize ans fut la capitale de l’État, ni Des Moines, la capitale actuelle, un ancien fort, bâti au confluent de la rivière de ce nom et du Racoon, maintenant une cité de cinquante mille habitants, campée au milieu d’un réseau de railroads.

Enfin le soleil se levait, lorsque le train vint stopper à Council-Bluff, presque sur la limite de l’État, et à trois milles seulement d’Omaha, ville importante de ce Nebraska, dont le Missouri forme la frontière naturelle.

Là s’élevait jadis la « Falaise du Conseil ». Là s’assemblaient les tribus indiennes du Far West. De là partaient les expéditions de conquête ou de commerce qui devaient entraîner la reconnaissance des régions sillonnées par les multiples ramifications des Montagnes Rocheuses et du Nouveau Mexique.

Eh bien, il ne serait pas dit que Max Réal « brûlerait » cette première station de l’Union Pacific comme il en avait brûlé tant d’autres depuis la veille !

« Descendons, dit-il.

— Est-ce que nous sommes arrivés ?… demanda Tommy, en ouvrant les yeux.

— On est toujours arrivé… quand on est quelque part. »

Et, après cette réponse étonnamment positive, tous les deux, l’un le sac au dos, l’autre sa valise à la main, sautèrent sur le quai de la gare.

Le steamboat ne devait pas démarrer du quai d’Omaha avant dix heures du matin. Or il n’en était que six, et le temps ne manquerait même pas pour visiter Council Bluff sur la rive gauche du Missouri. C’est ce qui fut fait, après la courte halte du premier déjeuner. Puis le futur maître et le futur esclave s’engagèrent entre les deux voies ferrées qui, aboutissant aux deux ponts jetés sur le fleuve, établissent une double communication avec la métropole du Nebraska.

Le ciel s’était rasséréné.