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LE SUPERBE ORÉNOQUE.

noque. Je n’en serais pas étonné, parce que le jeune garçon consulte sans cesse l’ouvrage de ce compatriote à lui, qui a pu atteindre, il y a quelques années, les sources du fleuve…

— Si elles sont de ce côté, dans le massif de la Parima… s’écria M. Felipe, tout indiqué pour faire cette réserve, en sa qualité de partisan de l’Atabapo.

— Et si elles ne sont pas dans les montagnes des Andes, s’écria M. Varinas, au lieu même où naît cet affluent improprement appelé le Guaviare… »

Le gouverneur comprit que la discussion allait recommencer de plus belle.

« Messieurs, dit-il à ses hôtes, cet oncle et ce neveu dont vous parlez piquent ma curiosité. S’ils ne s’arrêtent pas à Caïcara, s’ils ne sont pas à destination de San-Fernando de Apure ou de Nutrias, en un mot, s’ils ont l’intention de poursuivre leur voyage sur le cours du haut Orénoque, je me demande quel est leur but. Les Français sont hardis, j’en conviens, ce sont d’audacieux explorateurs, mais ces territoires du Sud-Amérique leur ont déjà coûté plus d’une victime… le docteur Crevaux, tombé sous les coups des Indiens dans les plaines de la Bolivie, son compagnon, François Burban, dont on ne retrouve plus même la tombe dans le cimetière de Moitaco… Il est vrai, M. Chaffanjon a pu parvenir jusqu’aux sources de l’Orénoque…

— Si c’est l’Orénoque !… répliqua M. Varinas qui n’aurait jamais laissé passer cette affirmation monstrueuse sans une énergique protestation.

— En effet, si c’est l’Orénoque, répondit le gouverneur, et nous serons définitivement fixés sur ce point géographique après votre voyage, messieurs. Je disais donc que si M. Chaffanjon a pu revenir sain et sauf, ce n’est pas faute d’avoir couru plus d’une fois le risque d’être massacré comme l’ont été ses prédécesseurs. En vérité, on dirait que notre superbe fleuve vénézuélien les attire, ces Français, et sans parler de ceux qui sont parmi les passagers du Simon-Bolivar

— Au fait, c’est vrai, fit observer M. Miguel. Il y a quelques se-