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LE SUPERBE ORÉNOQUE.

compatriote. Il est vrai, lorsque nous aurons échangé le steamboat pour les embarcations du moyen Orénoque, nous serons retardés autant qu’il a pu l’être. Qu’importe ! L’essentiel n’est-il pas d’arriver à San-Fernando… où j’espère recueillir des renseignements plus précis…

— Assurément, et il n’est pas possible que mon colonel ait passé par là sans avoir laissé quelques traces !… Nous finirons bien par savoir en quel endroit il a planté sa tente… Ah !… quand nous serons en face de lui… lorsque tu te précipiteras dans ses bras… lorsqu’il saura…

— Que je suis ton neveu… ton neveu ! » répliqua le jeune garçon, qui craignait toujours qu’une indiscrète répartie n’échappât à son soi-disant oncle.

Le soir venu, le Simon-Bolivar lança ses amarres au pied de la barranca sur laquelle est gracieusement perchée la petite bourgade de Mapire.

MM. Miguel, Felipe et Varinas, profitant d’une heure de crépuscule, voulurent visiter cette bourgade assez importante de la rive gauche. Jean eût été désireux de les accompagner ; mais le sergent Martial ayant déclaré qu’il n’était pas convenable de quitter le bord, il ne le quitta pas par obéissance.

Quant aux trois collègues de la Société de Géographie, ils ne regrettèrent point leur excursion. Des hauteurs de Mapire, la vue s’étend largement sur le fleuve en amont et en aval, tandis que vers le nord, elle domine ces llanos où les Indiens élèvent des mulets, des chevaux, des ânes, vastes plaines encadrées d’une verdoyante ceinture de forêts.

À neuf heures, tous les passagers dormaient dans leurs cabines, après avoir pris les précautions habituelles contre l’envahissement des myriades de moustiques.

La journée du lendemain fut noyée — c’est le mot — sous les averses. Personne ne put se tenir sur le spardeck. Le sergent Martial et le jeune garçon passèrent ces longues heures dans le salon de