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DEUX MOIS À LA MISSION.

en Bretagne pour terminer leurs affaires. Enfin ils reviendraient à Santa-Juana, où ils retrouveraient le colonel de Kermor et son vieux soldat.

Ainsi allèrent les choses, et le 25 novembre, devant la population en fête, en présence de Germain Paterne et du sergent Martial, témoins des jeunes époux, le père célébra le mariage civil et religieux de sa fille Jeanne de Kermor avec Jacques Helloch.

Touchante cérémonie, et qu’on ne s’étonne pas de l’émotion profonde qu’elle produisit, qui se manifesta par une joie débordante chez ces braves Guaharibos.

Près d’un mois s’écoula, et il vint à l’esprit de Germain Paterne qu’il était peut-être temps d’aller rendre compte de la mission scientifique dont son compagnon et lui avaient été chargés par le ministre de l’Instruction publique. On le voit, c’était toujours son ministre qu’il faisait intervenir.

« Déjà ?… » répondit Jacques Helloch.

C’est qu’il n’avait pas compté les jours… Il était trop heureux pour se livrer à de tels calculs !

« Oui… déjà !… répliqua Germain Paterne. Son Excellence doit croire que nous avons été dévorés par des jaguars vénézuéliens… à moins que ce ne soit dans l’estomac des Caraïbes que nous ayons terminé notre carrière scientifique ! »

D’accord avec le Père Esperante, le départ de la Mission fut fixé au 22 décembre.

Ce n’était pas sans un serrement de cœur que le colonel de Kermor voyait arriver l’heure de se séparer de sa fille, bien qu’elle dût lui revenir dans quelques mois. Il est vrai, ce voyage se ferait en des conditions favorables, et Mme  Jacques Helloch ne courrait plus les mêmes dangers que Jeanne de Kermor. Cette descente du fleuve s’effectuerait rapidement jusqu’à Ciudad-Bolivar. Sans doute, on serait privé de MM. Miguel, Felipe et Varinas, car ils devaient avoir quitté San-Fernando.

Mais, en cinq semaines, les pirogues auraient atteint Caïcara,