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LE SUPERBE ORÉNOQUE.

Comme la jeune fille n’avait point abandonné les vêtements masculins qu’elle portait depuis le commencement du voyage, son père se demandait si ses compagnons savaient que « monsieur Jean » était mademoiselle Jeanne de Kermor.

Il n’allait pas tarder à l’apprendre.

Dès qu’il eut serré les mains de Jacques Helloch et de Germain Paterne, de Parchal et de Valdez, ces deux honnêtes patrons dont le dévouement, au cours de cette longue et pénible navigation, n’avait jamais faibli, Jeanne prit la parole :

« Mon père, il faut que je vous dise tout ce que je dois à mes deux compatriotes envers lesquels il me sera impossible de jamais m’acquitter…

— Mademoiselle… répondit Jacques Helloch, dont la voix tremblait, je vous en prie… je n’ai rien fait…

— Laissez-moi parler, monsieur Helloch…

— Alors parlez de Jacques, mais non de moi, mademoiselle de Kermor, s’écria Germain Paterne en riant, car je ne mérite aucunement.

— Je suis votre obligée à tous les deux, mes chers compagnons, reprit Jeanne, oui… à tous les deux, mon père !… Si M. Helloch m’a sauvé la vie…

— Vous avez sauvé la vie de ma fille ?… » s’écria le colonel de Kermor.

Et il fallut bien que Jacques Helloch entendît le récit que fit Jeanne du naufrage des pirogues en vue de San-Fernando, et comment, grâce à son dévouement, elle avait échappé à la mort.

Et la jeune fille ajouta :

« Je disais, mon père, que M. Helloch m’a sauvé la vie, mais il a fait plus encore, en nous accompagnant, Martial et moi, en s’associant à nos recherches… avec M. Germain Paterne…

— Par exemple ! répliqua ce dernier en protestant. Croyez bien… mademoiselle… nous avions l’intention de remonter jusqu’aux sources