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LE SUPERBE ORÉNOQUE.

— Tu connais ce gué ?…

— Oui, monsieur… et, avant que le soleil soit à midi, nous y serons arrivés. »

Les réponses du jeune Indien étaient très affirmatives en ce qui concernait ce passage, puisqu’il avait eu lui-même l’occasion de le franchir.

Et ce fut cette constatation dont devait, en somme, s’alarmer Jacques Helloch. Si le gué de Frascaès permettait à la petite troupe de passer sur la rive gauche du rio Torrida, il permettait aux Quivas de passer sur la rive droite. Jacques Helloch et ses compagnons ne seraient plus couverts par le rio jusqu’à la hauteur de la Mission.

La situation empirait donc de ce fait. Néanmoins, ce n’était pas une raison pour revenir en arrière, du moment que les chances d’une agression eussent été aussi grandes. À Santa-Juana, la petite troupe serait en sûreté… C’est à Santa-Juana qu’il importait d’arriver d’ici vingt-quatre heures.

« Et tu dis, demanda une dernière fois Jacques Helloch, tu dis que nous pouvons atteindre le gué de Frascaès vers midi…

— Oui… si nous partons tout de suite. »

La distance qui séparait le campement du gué pouvait être d’une douzaine de kilomètres. Or, comme on avait résolu de hâter la marche dans l’espoir d’être au but vers minuit, il serait aisé de passer ce gué avant la première halte.

L’ordre du départ fut donné. Tout était prêt, d’ailleurs, les sacs sur l’épaule des deux bateliers, les couvertures roulées au dos des voyageurs, la boîte du botaniste à la courroie de Germain Paterne, les armes en état.

« Vous pensez, monsieur Helloch, qu’il est possible d’atteindre Santa-Juana en une dizaine d’heures ?… demanda le sergent Martial.

— Je l’espère, si vous faites bon usage de vos jambes, qui auront le temps de se reposer ensuite.

— Ce n’est pas moi qui vous retarderai, monsieur Helloch. Mais sera-t-il capable… lui… Jean…