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LE SUPERBE ORÉNOQUE.

verture, la tête appuyée sur sa boîte d’herboriste en guise d’oreiller, il dormait comme un loir, — animal qui a la réputation d’être le plus déterminé dormeur de toute la création.

Pendant ce temps, Valdez faisait refermer les sacs, après en avoir retiré les restes du souper de la veille réservés au premier déjeuner du matin. Lorsque le jeune Indien se fut réveillé, il vint, avec Jean, rejoindre Jacques Helloch près d’une roche sur laquelle était déployée la carte du pays. Cette carte indiquait les territoires entre la sierra Parima et le massif de Roraima, sillonnés par les zigzags du rio.

Gomo savait lire et écrire, et il allait pouvoir donner des renseignements assez précis sur la contrée.

« Tu as vu quelquefois des cartes qui représentent une région avec ses mers, ses continents, ses montagnes, ses fleuves ?… lui demanda Jacques Helloch.

— Oui, monsieur… On nous en a montré à l’école de Santa-Juana, répondit le jeune Indien.

— Eh bien, regarde celle-ci et prends le temps de réfléchir… Ce grand fleuve, qui est dessiné là en demi-cercle, c’est l’Orénoque que tu connais…

— Que je connais et que j’aime !

— Oui !… tu es un brave enfant, et tu aimes ton beau fleuve !… Vois-tu à son extrémité cette grosse montagne ?… C’est là qu’il a sa source…

— La sierra Parima, je le sais, monsieur… Voici les raudals que j’ai souvent remontés avec mon père…

— Oui… le raudal de Salvaju.

— Et après, il y a un pic…

— C’est le pic de Lesseps.

— Mais ne te trompe pas… Nous ne sommes pas allés si loin avec nos pirogues…

— Non… pas si loin.

— Pourquoi toutes ces questions à Gomo, monsieur Helloch ?… demanda Jeanne.