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LE JEUNE INDIEN.

Et même l’arrivée de Gomo put être regardée comme providentielle, puisque Jean, lui ayant demandé s’il connaissait la Mission de Santa-Juana :

« Je la connais, répondit-il, et j’y suis allé plusieurs fois avec mon père.

— Et tu nous y conduiras ?…

— Oui… oui !… Vous n’êtes pas comme ce méchant homme… qui voulait nous avoir pour guides… »

Sur un signe de Valdez, Gomo se garda d’en dire davantage.

Quant à l’auteur de l’assassinat commis sur la personne de l’Indien, ni Jacques Helloch ni Valdez ne pouvaient avoir le moindre doute, après le portrait que l’enfant avait fait du meurtrier. Et s’ils en avaient eu, ces doutes auraient cessé, lorsqu’on eut constaté qu’un revolver avait été dérobé dans le rouf de la Gallinetta.

C’était celui du sergent Martial.

« Mon revolver volé, s’écria-t-il, et volé par ce bandit, et il a servi à assassiner ce malheureux Indien !… Un revolver qui m’avait été donné par mon colonel !… »

Et, en vérité, le chagrin du vieux soldat fut aussi grand que sa colère. Si jamais Jorrès lui tombait sous la main…

Gomo se montra très touché des soins dont il fut l’objet. Après le déjeuner, on acheva l’organisation du campement du pic Maunoir que devaient occuper les mariniers des falcas, et les préparatifs du voyage pour les passagers, en vue d’une séparation qui pouvait durer… on ne savait.

Entre-temps, Gomo avait appris de Jean quel but ses compagnons poursuivaient en se rendant à la Mission de Santa-Juana.

Sa figure s’était aussitôt altérée.

« Vous allez rejoindre votre père… dit-il.

— Oui, mon enfant !

— Vous le reverrez donc… et moi… je ne reverrai plus jamais le mien… jamais ! »

Dans l’après-midi, Jacques Helloch, Germain Paterne, et les ma-