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LE SUPERBE ORÉNOQUE.

avec quelques-uns des mariniers, afin de donner à ce corps une sépulture chrétienne.

Ce fut Gomo qui les conduisit par le plus court, et sans avoir repassé devant la paillote, ils regagnèrent le campement en une demi-heure.

Il avait été convenu entre Jacques Helloch et Valdez qu’ils ne diraient rien de Jorrès. Mieux valait se taire sur les rapports qui existaient, à n’en pas douter, entre Alfaniz et lui. Inutile d’ajouter dans l’esprit de leurs compagnons de nouvelles appréhensions à tant d’autres.

En effet, la situation était très aggravée par ce fait que l’Espagnol connaissait le lien de parenté qui unissait Jean au colonel de Kermor. Alfaniz l’apprendrait par lui, et, pour assouvir sa haine contre le colonel, ce misérable chercherait à s’emparer de son enfant.

Il est vrai, — ce qui était rassurant dans une certaine mesure, — c’est que les Quivas n’avaient point paru aux environs du fleuve. En effet, si leur présence avait été signalée dans la sierra Parima, l’Indien et son fils en auraient eu connaissance. Jacques Helloch se contenterait de dire que l’Espagnol, après s’être enfui, s’était pris de querelle avec cet Indien qui refusait de lui servir de guide jusqu’à la Mission de Santa-Juana, et, que, au cours de cette querelle, il y avait eu mort d’homme.

Cette leçon fut faite à Gomo, et il la comprit, car ses yeux pétillaient d’intelligence. Il ne parlerait à personne ni des Quivas ni d’Alfaniz.

Quelle surprise pour le sergent Martial, pour Jean et pour Germain Paterne, lorsque Jacques Helloch leur présenta Gomo à son retour au campement, et leur raconta de son histoire ce qu’il était convenu de dire !

Chacun fit très bon accueil au jeune Indien, et Jean l’attira, le combla de caresses, quand il apprit que ce pauvre enfant était maintenant seul au monde… On ne l’abandonnerait pas… Non !… on ne l’abandonnerait pas !…