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LE CAMPEMENT DU PIC MAUNOIR.

des cabiais, des paresseux, des pécaris, nombre de ces singes blancs nommés vinditas, et plusieurs tapirs, qui vinrent à bonne portée ! Mais se charger de tant de gibier, ni Valdez ni lui ne l’auraient pu, et, par prudence, d’ailleurs, mieux valait ne point se trahir par la détonation d’une arme à feu. Savait-on de qui elle aurait été entendue, et si des Quivas ne rôdaient pas derrière les halliers ?… Dans tous les cas, les Guaharibos, s’ils s’étaient retirés par peur, n’eussent pas été tentés de reparaître.

Jacques Helloch et Valdez marchaient donc en silence. Ils suivaient une sorte de sinueuse sente, reconnaissable au froissement des herbes.

Où conduisait cette sente ?… Aboutissait-elle à quelque clairière du côté de la sierra ?…

En somme, — cela fut facile à constater, — le cheminement ne pourrait être que très lent, très pénible, et il fallait compter avec les retards, les fatigues, les haltes fréquentes. Si les pirogues eussent pu atteindre les sources de l’Orénoque, peut-être la région de la Parima eût-elle offert une route moins obstruée vers la Mission de Santa-Juana ?

C’est à ces diverses pensées que s’abandonnait Jacques Helloch, tandis que son compagnon ne se laissait pas distraire de l’objet de cette exploration, c’est-à-dire la découverte d’un sitio ou d’une case, habitée par un de ces Indiens dont il espérait tirer de bons services.

Aussi, après une heure de marche, le patron de la Gallinetta fut-il le premier à s’écrier :

« Une paillote ! »

Jacques Helloch et lui s’arrêtèrent.

À cent pas, s’arrondissait une case en forme de gros champignon, misérable d’aspect. Perdue au plus profond d’un massif de palmiers, son toit conique s’abaissait presque jusqu’à terre. À la base de ce toit s’évidait une étroite ouverture irrégulière, qui n’était même pas fermée par une porte.