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LE CAMPEMENT DU PIC MAUNOIR.

Le départ étant remis au lendemain, on s’occupa de choisir les objets que nécessitait un cheminement de trois ou quatre longues étapes à travers les forêts de la sierra.

Sur sa proposition, Valdez et deux de ses hommes furent désignés pour accompagner les voyageurs jusqu’à la Mission. Parchal et les seize autres mariniers demeureraient au campement et veilleraient sur les pirogues. Qui sait si plusieurs mois ne se passeraient pas avant que Jacques Helloch et ses compagnons eussent pu les rejoindre ?… Et alors la saison sèche tirant à sa fin, la navigation redeviendrait possible. Du reste, il serait temps d’y aviser, lorsqu’il s’agirait du retour.

Ce qui devait donner lieu à des regrets, c’était que cette région de l’Alto Orinoco fût absolument déserte. Quel avantage n’eût-on pas retiré de la rencontre en cet endroit de quelques familles indiennes ? Elles auraient assurément fourni d’utiles renseignements sur la route à suivre, sur la Mission de Santa-Juana, sur sa situation exacte dans le nord-est du fleuve.

Également, Jacques Helloch se fût enquis de savoir si la bande des Quivas d’Alfaniz avait paru aux alentours de la rive droite, car, si Jorrès avait pu la rejoindre, c’est qu’elle devait parcourir la campagne environnante.

En outre, il eût été permis, sans doute, d’engager un de ces Indiens à servir de guide pour franchir ces épaisses forêts, sillonnées seulement de quelques sentiers dus au passage des fauves ou des indigènes.

Et, comme Jacques Helloch exprimait devant Valdez le désir qu’il aurait eu de rencontrer des Indiens, celui-ci l’interrompit :

« Il se peut qu’à une ou deux portées de fusil du campement, il y ait des cases de Guaharibos…

— Avez-vous des raisons de le croire ?…

— J’en ai une au moins, monsieur Helloch, car, en longeant la lisière de la forêt à deux cents pas de la berge, j’ai trouvé les cendres d’un foyer…