ne pas en être à sa première promenade à travers ces territoires, quoiqu’il ait soutenu le contraire…
— Où a-t-il pu aller ?… interrogea le sergent Martial.
— Où il est attendu, sans doute… répondit Jacques Helloch.
— Attendu ?…
— Oui, sergent, et, je l’avoue, depuis un certain temps, ce Jorrès me paraissait assez suspect d’allure…
— Comme à moi, ajouta Valdez. Après cette absence de toute une nuit au rio Mavaca, lorsque je le questionnai, il me répondit… sans me répondre.
— Cependant, fit observer Jean, quand il s’est embarqué à San-Fernando, son intention était bien de se rendre à la Mission de Santa-Juana…
— Et il n’est même pas douteux qu’il ait connu le Père Esperante, ajouta Germain Paterne.
— Cela est vrai, dit le sergent Martial, mais cela n’explique pas pourquoi il a précisément disparu, lorsque nous ne sommes plus qu’à quelques étapes de la Mission… »
Pendant ces derniers jours, l’idée que Jorrès pouvait justifier ses soupçons avait fait de sérieux progrès dans l’esprit de Jacques Helloch. S’il n’en avait parlé à personne, c’est qu’il désirait ne point inquiéter ses compagnons. Aussi, de tous, était-il celui que le départ de l’Espagnol avait le moins surpris, en même temps qu’il en concevait de graves appréhensions.
Dans cette disposition d’esprit, il en était à se demander si Jorrès ne faisait pas partie des évadés de Cayenne, à la tête des Quivas, commandés par cet Alfaniz, Espagnol comme lui… Si cela était, que faisait Jorrès à San-Fernando, lorsqu’on l’y avait rencontré ?…
Pourquoi se trouvait-il dans cette bourgade ?… Il s’y trouvait, voilà le certain, et, ayant appris que les passagers des pirogues se proposaient d’aller à Santa-Juana, il avait offert ses services au patron de la Gallinetta…
Et, maintenant, Jacques Helloch, depuis que ces soupçons avaient