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BŒUFS ET GYMNOTES.

« Bon… c’est bon ! répondait Jacques Helloch. Ce que nous ne faisons pas à l’aller, on le fera au retour…

— Quand ?…

— Quand nous reviendrons, parbleu !… Est-ce que tu te figures que nous ne reviendrons pas ?…

— Moi ? Je n’en sais rien !… Qui sait où nous allons ?… Qui sait ce qui se passera là-bas ?… Supposons qu’on ne retrouve pas le colonel de Kermor…

— Eh bien, Germain, il sera temps alors de songer à redescendre le fleuve.

— Avec Mlle  de Kermor ?…

— Sans doute.

— Et supposons que nos recherches aboutissent… que le colonel soit retrouvé… que sa fille, comme c’est probable, veuille rester près de lui, te décideras-tu à revenir ?…

— Revenir ?… répondit Jacques Helloch du ton d’un homme que ces questions embarrassaient.

— Revenir seul… avec moi, s’entend ?

— Certainement… Germain…

— Je n’y crois guère, Jacques, à ton « certainement » !

— Tu es fou.

— Soit… mais toi… tu es amoureux, — ce qui est un autre genre de folie, non moins incurable.

— Encore ?… Te voilà parlant de choses…

— Auxquelles je n’entends goutte… c’est convenu !… Voyons, Jacques… entre nous… si je n’entends pas, je vois clair… et je ne sais pas pourquoi tu essaies de cacher un sentiment qui n’a rien de commun avec ta mission scientifique… et que je trouve, d’ailleurs, tout naturel !

— Eh bien, oui, mon ami ! répondit Jacques Helloch d’une voix altérée par l’émotion, oui !… J’aime cette jeune fille, si courageuse, et est-il donc étonnant que la sympathie qu’elle m’inspirait soit devenue… Oui !… je l’aime !… Je ne l’abandonnerai pas !… Qu’ad-