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UNE HALTE DE DEUX JOURS À DANACO.

des explorateurs pouvaient avoir la pensée de se rendre aux sources du fleuve.

Le commissaire fut donc assez surpris, lorsque Jean eut énoncé les raisons qui lui avaient fait entreprendre cette campagne à laquelle s’étaient associés ses deux compatriotes.

« Ainsi vous êtes à la recherche de votre père ?… dit-il, avec une émotion que partageaient ses fils et sa femme.

— Oui, monsieur Manuel, et nous espérons retrouver ses traces à Santa-Juana.

— Vous n’avez pas entendu parler du colonel de Kermor ?… demanda Jacques Helloch à M. Manuel.

— Jamais ce nom n’a été prononcé devant moi.

— Et pourtant, dit Germain Paterne, vous étiez déjà établi à Danaco, il y a douze ans…

— Non… nous occupions encore le sitio de Guachapana, mais il n’est pas à notre connaissance que l’arrivée du colonel de Kermor ait été signalée en cet endroit.

— Cependant, insista le sergent Martial, qui comprenait assez pour prendre part à la conversation, entre San-Fernando et Santa-Juana, il n’y a pas d’autre route à suivre que celle de l’Orénoque…

— C’est la plus facile et la plus directe, répondit M. Manuel, et un voyageur y est moins exposé que s’il s’engageait à travers les territoires de l’intérieur parcourus par les Indiens. Si le colonel de Kermor s’est dirigé vers les sources du fleuve, il a dû le remonter comme vous le faites. »

En parlant de la sorte, Manuel Assomption ne se montrait certainement pas trop affirmatif. Il était donc surprenant que le colonel de Kermor, lorsqu’il gagnait Santa-Juana, n’eût laissé aucun vestige de cette navigation sur le cours de l’Orénoque à partir de San-Fernando.

« Monsieur Manuel, demanda alors Jacques Helloch, avez-vous visité la Mission ?…