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LE SERGENT MARTIAL ET SON NEVEU.

— Ce sera difficile !

— Rien n’est difficile, lorsque c’est indispensable. N’oublie pas ce que je suis, un neveu qui a besoin d’être sévèrement traité par son oncle…

— Sévèrement !… repartit le sergent Martial en levant ses grosses mains vers le ciel.

— Oui… un neveu que tu as dû emmener avec toi dans ce voyage… parce qu’il n’y avait pas moyen de le laisser seul à la maison… de peur de quelque sottise…

— Sottise !

— Un neveu dont tu veux faire un soldat comme toi…

— Un soldat !…

— Oui… un soldat… qu’il convient d’élever à la dure, et auquel tu ne dois pas ménager les corrections, quand il les mérite…

— Et s’il n’en mérite pas ?…

— Il en méritera, répondit Jean en souriant, car c’est un mauvais conscrit…

— Un mauvais conscrit !…

— Et lorsque tu l’auras corrigé en public…

— Je lui demanderai pardon en particulier ! s’écria le sergent Martial.

— Comme il te plaira, mon brave compagnon, à la condition que personne ne nous regarde ! »

Le sergent Martial embrassa son neveu, après avoir fait observer que nul ne pouvait les voir dans cette pièce bien close de l’hôtel.

« Et maintenant, mon ami, dit Jean, l’heure est venue de se coucher. Regagne ta chambre à côté, et je m’enfermerai dans la mienne.

— Veux-tu que je veille la nuit à ta porte ?… demanda le sergent Martial.

— C’est inutile… Il n’y a aucun danger…

— Sans doute, mais…