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SAN-FERNANDO.

M. Mirabal, celui-ci, en compagnie de Jacques Helloch, se disposait à leur rendre visite.

De l’enquête faite chez les habitants de San-Fernando, il résultait qu’un étranger, une douzaine d’années auparavant, avait effectivement séjourné dans la bourgade. Cet étranger était-il français ?… Personne à pouvoir le dire, et il semblait, d’ailleurs, avoir des raisons particulières pour garder le plus secret incognito.

Jean crut voir l’obscurité de cette mystérieuse affaire s’éclairer de quelque lueur. Que l’on doive ou non ajouter foi aux pressentiments, il lui vint à la pensée que l’étranger était… devait être son père.

« Et lorsque ce voyageur a quitté San-Fernando, monsieur Mirabal, demanda-t-il, sait-on de quel côté il s’est dirigé ?…

— Oui… Il allait vers les régions du haut Orénoque.

— Et depuis… plus eu de nouvelles ?…

— On ne sait ce qu’il est devenu.

— On le saurait peut-être, dit Jacques Helloch, en faisant des recherches sur cette partie du fleuve…

— Ce serait une expédition pleine de périls, fit observer M. Mirabal, et vouloir s’y exposer sur des indices si vagues… »

Le sergent Martial approuva d’un geste les craintes exprimées par M. Mirabal.

Jean, lui, se taisait, mais à son attitude résolue, au feu qui brillait dans son regard, on sentait la ferme intention de n’en pas tenir compte, de continuer sa campagne, si dangereuse qu’elle pût être, de ne pas abandonner ses projets, d’aller jusqu’au bout…

Et M. Mirabal le comprit bien, lorsque Jean lui dit :

« Je vous remercie, monsieur Mirabal… je vous remercie également, monsieur Helloch, de ce que vous avez fait… Un étranger a été vu ici à l’époque où mon père s’y trouvait… à l’époque où il écrivait de San-Fernando même…

— Sans doute… mais de là à penser… que ce soit le colonel de Kermor… observa le vieillard.