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SAN-FERNANDO.

riche, puisque leurs passagers devaient séjourner à San-Fernando. En serait-il ainsi de la Gallinetta ?… C’est ce que les circonstances allaient décider, car, s’il retrouvait les traces du colonel de Kermor, Jean comptait se remettre en route sans perdre un jour.

Du reste, ses compagnons de voyage, vivement intéressés à l’œuvre de ce jeune garçon, allaient unir leurs efforts pour obtenir de nouveaux renseignements. Par M. Miguel et ses deux collègues, le concours du gouverneur de San-Fernando était assuré, et nul mieux que lui n’eût pu procéder à une sérieuse enquête. De leur côté, Jacques Helloch et Germain Paterne feraient l’impossible pour venir en aide à leurs compatriotes. Ils étaient munis d’une lettre de recommandation près d’un très obligeant habitant de la bourgade, blanc d’origine, M. Mirabal, alors âgé de soixante-huit ans, et dont M. Chaffanjon parle avec un vif sentiment de reconnaissance dans le récit de son expédition aux sources de l’Orénoque. Les deux Français, ou plutôt les quatre Français devaient trouver le meilleur accueil dans cette honnête, affectueuse et serviable famille.

Toutefois, avant de raconter quelles démarches furent faites dès l’arrivée des voyageurs à San-Fernando, il est nécessaire de dire comment s’était effectué leur acheminement vers la bourgade, après le naufrage des pirogues.

On ne l’a point oublié, le sergent Martial portait Jean entre ses bras, MM. Varinas, Felipe et Miguel marchaient en avant, suivis de Jacques Helloch et de Germain Paterne. Celui-ci avait assuré qu’une bonne nuit rendrait au jeune garçon toutes ses forces. Il avait eu la précaution de prendre sa boîte de pharmacie, et ce n’étaient pas les soins qui feraient défaut au jeune garçon. Il est vrai, toujours aussi désagréable qu’incompréhensible, le sergent Martial ne cessait de tenir Germain Paterne à l’écart, et, lorsque celui-ci voulut s’approcher :

« C’est bon… c’est bon !… grommela-t-il. Mon neveu respire comme vous et moi… et nous ne manquerons de rien, dès que la Gallinetta sera au port…

— Dans quelques heures, affirma Jacques Helloch, qui savait