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LE SUPERBE ORÉNOQUE.

— Si vraiment… Je t’en citerai d’admirables même… le Cunucunuma, le Cassiquiare, le Mavaca… et, à ce compte-là, notre expédition nous conduirait jusqu’aux sources de l’Orénoque…

— Et pourquoi pas, Germain ?… L’exploration serait plus complète, voilà tout… et ce n’est pas le ministre de l’Instruction publique qui pourrait se plaindre !…

— Le ministre… le ministre, Jacques ! Tu le tournes et le retournes à toutes sauces, ce grand maître de l’Université !… Et puis, si ce n’est plus du côté de l’Orénoque que Jean de Kermor va continuer ses recherches… s’il va s’aventurer à travers des llanos de la Colombie… si même il descend vers le bassin du Rio Negro et de l’Amazone… »

Jacques Helloch ne répondit pas, car il ne pouvait répondre. À la rigueur, il le comprenait bien, poursuivre son voyage même jusqu’aux sources de l’Orénoque, ce serait toujours rester dans l’esprit de sa mission… tandis que quitter le bassin du fleuve, et aussi le Venezuela pour suivre le jeune garçon à travers les territoires de la Colombie ou du Brésil…

Dans la pirogue voisine, agenouillé au fond du rouf, Jean avait tout entendu… Il savait quelle sympathie il inspirait à ses compagnons… Et il savait aussi que ni Jacques Helloch ni Germain Paterne ne croyaient à cette parenté qui l’unissait au sergent Martial… Sur quoi se fondaient-ils pour cela, et que penserait son vieil ami, s’il venait à l’apprendre ?…

Et, sans se demander ce que lui réservait l’avenir, si le courage, le dévouement de Jacques Helloch lui viendraient jamais en aide, il remerciait Dieu d’avoir mis sur sa route ce brave et généreux compatriote.