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LE SUPERBE ORÉNOQUE.

village de Mataweni, situé sur la rive gauche, près du rio de ce nom.

On ne vit là qu’une douzaine de huttes, appartenant aux Guahibos, qui occupent les territoires riverains de l’Orénoque, et plus particulièrement ceux de la rive gauche. Si les voyageurs avaient eu le temps de remonter le Vichada, ils auraient trouvé un certain nombre de villages habités par ces Indiens, doux de caractère, laborieux, intelligents, qui font le commerce du manioc avec les marchands de San-Fernando.

Et même, en cas que Jacques Helloch et Germain Paterne eussent été seuls, peut-être auraient-ils relâché à l’embouchure de ce tributaire, comme ils l’avaient fait à la Urbana, quelques semaines avant. Il est vrai, leur excursion à travers la sierra Matapey avait failli mal finir. Néanmoins, Germain Paterne crut devoir formuler sa proposition en ces termes, lorsque la Moriche eut été amarrée à la berge de Mataweni, bord à bord avec la Gallinetta.

« Mon cher Jacques, dit-il, nous avons été chargés par le ministre de l’Instruction publique d’une mission scientifique sur l’Orénoque, si je ne me trompe…

— Où veux-tu en venir ?… demanda Jacques Helloch, assez surpris de cette observation.

— À ceci, Jacques… Est-ce que cette mission concerne uniquement l’Orénoque ?…

— L’Orénoque et ses affluents…

— Eh bien, pour dire les choses comme elles sont, il me semble que nous négligeons quelque peu les affluents du superbe fleuve depuis que nous avons quitté la Urbana…

— Tu crois ?…

— Juges-en, cher ami. Avons-nous remonté le Suapure, le Pararuma et le Parguaza de la rive droite ?…

— Je ne le pense pas.

— Avons-nous engagé notre pirogue entre les rives du Meta de la rive gauche, ce Meta qui est l’un des plus importants tributaires du grand fleuve vénézuélien ?…