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QUELQUES OBSERVATIONS DE GERMAIN PATERNE.

au lendemain, les pirogues furent rechargées, et, le 19 au matin, elles reprirent leur navigation.

Durant cette journée pluvieuse, la flottille dut encore circuler entre une infinité d’îlots et de roches qui hérissent le lit du fleuve. Comme le vent soufflait de l’ouest, il ne favorisait plus la marche des falcas, et même eût-il soufflé du nord qu’elles n’auraient pu en profiter, tant elles étaient obligées à de fréquents changements de direction à travers les passes.

Au-delà de l’embouchure du Sipapo, se rencontre un petit raudal, celui de Sijuaumi, dont le passage n’exigea que quelques heures sans débarquement.

Cependant, grâce à ces diverses causes de retard, les pirogues ne purent s’avancer au-delà de l’embouchure du rio Vichada, où elles se disposèrent pour la nuit.

Les deux rives du fleuve, en cet endroit, présentent un contraste frappant. À l’est, le territoire est bossué de tumescences, de bancos réguliers, de collines basses, qui se raccordent avec les montagnes, dont les lointains profils recevaient alors les derniers rayons du soleil à l’instant de son coucher. Vers l’ouest, au contraire, se développaient de spacieuses plaines, arrosées par ces eaux noires du Vichada, venues des llanos colombiens, et qui fournissent un si considérable apport au lit de l’Orénoque.

Peut-être Jacques Helloch s’attendait-il à ce qu’il s’élevât une discussion entre MM. Felipe et Varinas relativement au Vichada, car il aurait pu être considéré comme principale branche, avec autant de raison que le Guaviare ou l’Atabapo. Il n’en fut rien. Les deux adversaires n’étaient plus éloignés de l’endroit où confluaient leurs cours d’eau favoris. Ils auraient alors le temps de se disputer sur les lieux mêmes et en connaissance de cause.

La journée suivante les en rapprocha d’une vingtaine de kilomètres. La navigation devint plus aisée sur cette partie du fleuve dégagée de récifs. Les patrons purent durant quelques heures se servir des voiles, et rallier, dans ces conditions moins fatigantes, le