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QUELQUES OBSERVATIONS DE GERMAIN PATERNE.

ques heures pour remonter le raudal des Guahibos. Les pirogues le franchirent sans qu’il y eût nécessité de procéder à leur déchargement, et bien qu’il présente d’habitude plus de difficultés que celui de Garcita.

Vers trois heures de l’après-midi, en suivant le bras de la rive gauche, on arriva au village de Carestia, où devait s’opérer le débarquement, afin de faciliter aux pirogues le passage du raudal de Maipures.

Il y eut donc lieu de recommencer la manœuvre qui s’était faite à Puerto-Real. Des Indiens se chargèrent de transporter à dos les bagages et accompagnèrent les passagers jusqu’à Maipures, où ils s’arrêtèrent avant cinq heures du soir.

Du reste, la distance entre Carestia et Maipures n’est que de six kilomètres, et le sentier, le long de la berge, se prêtait aisément à la marche.

C’était là que l’on devait attendre la Gallinetta, la Maripare et la Moriche, auxquelles il ne faudrait pas moins de trois à quatre jours pour rejoindre.

En effet, si le raudal de Maipures mesure une longueur moindre que celui d’Atures, peut-être offre-t-il de plus sérieux obstacles. Dans tous les cas, la dénivellation des eaux s’y accuse davantage, — douze mètres environ à répartir entre six kilomètres. Mais on pouvait compter sur le zèle et l’habileté des équipages. Tout ce qu’il serait humainement possible de faire pour gagner du temps, ils le feraient.

Au surplus, on n’avait pas mis cinq jours à parcourir les soixante kilomètres qui séparent les deux principaux raudals de cette partie de l’Orénoque.

Les Indiens Maipures, qui ont donné leur nom à ce village, formaient une ancienne tribu, alors réduite à quelques familles, dont le métissage a profondément modifié le type. Le village, situé au pied d’âpres falaises granitiques d’un grand caractère, ne se compose plus que d’une dizaine de cases.