Cette assertion n’était que trop justifiée par des attaques dont quelques marchands de San-Fernando avaient été récemment les victimes. Le président du Venezuela et le Congrès, disait-on, songeaient à organiser une expédition qui aurait pour objet de détruire ces bandes de l’Alto-Orinoco. Après avoir été chassés de la Colombie, les Quivas seraient chassés du Venezuela, et, — à moins qu’ils ne fussent anéantis jusqu’au dernier, — ce serait le Brésil qui deviendrait le théâtre de leurs déprédations. En attendant cette expédition, les Quivas faisaient courir aux voyageurs de très sérieux dangers, surtout depuis qu’ils avaient pour chef un évadé du pénitencier de Cayenne. Donc, les passagers des trois pirogues devraient exercer une minutieuse et incessante surveillance au cours de cette navigation.
« Il est vrai, nous sommes en nombre, en comptant nos mariniers qui nous sont dévoués, déclara Jacques Helloch, et les armes ne nous manquent point ni les munitions… Mon cher Jean, vous pourrez, cette nuit, dormir tranquille à l’abri de votre rouf… Nous veillerons sur vous…
— C’est mon affaire, il me semble ! fit sèchement observer le sergent Martial.
— Cela nous regarde tous, mon brave sergent, répondit Jacques Helloch, l’essentiel est que votre neveu ne soit point privé de sommeil à son âge…
— Je vous remercie, monsieur Helloch, répondit le jeune garçon en souriant, mais mieux vaut que chacun de nous soit de garde à tour de rôle.
— À chacun sa faction ! » ajouta le sergent Martial.
Mais à part lui, il se promit bien, si Jean dormait au moment où son heure serait arrivée, de ne point interrompre son sommeil et de veiller seul sur le campement.
Cette détermination prise, la garde de huit à onze heures fut confiée aux deux Français. M. Miguel et ses collègues les relèveraient de onze heures à deux heures du matin. Ce serait ensuite à