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des îles kerguelen à l’île du prince-édouard

point de lui répliquer : Voyons cette lettre… mais je me ravisai… N’était-il pas capable de l’avoir écrite lui-même ?…

Et alors je répondis :

« Il est vraiment regrettable, capitaine, que vous n’ayez pu rencontrer Dirk Peters à Vandalia !… Il vous aurait appris, du moins, dans quelles conditions Arthur Pym et lui étaient revenus de si loin… Souvenez-vous… à l’avant-dernier chapitre… tous deux sont là… Leur canot est devant le rideau de brumes blanches… Il se précipite dans le gouffre de la cataracte… au moment où se dresse une figure humaine voilée… Puis, il n’y a plus rien… rien que deux lignes de points suspensifs…

— Effectivement, monsieur, il est très fâcheux que je n’aie pu mettre la main sur Dirk Peters !… C’eût été intéressant d’apprendre quel avait été le dénouement de ces aventures ! Mais, à mon avis, il m’aurait peut-être paru plus intéressant d’être fixé sur le sort des autres…

— Les autres ?… m’écriai-je un peu malgré moi. De qui voulez-vous parler ?…

— Du capitaine et de l’équipage de la goélette anglaise qui avait recueilli Arthur Pym et Dirk Peters, après l’épouvantable naufrage du Grampus, et qui les conduisit à travers l’océan polaire jusqu’à l’île Tsalal…

— Monsieur Len Guy, fis-je observer, comme si je ne mettais plus en doute la réalité du roman d’Edgar Poe, est-ce que ces hommes n’avaient pas tous péri, les uns lors de l’attaque de la goélette, les autres dans un éboulement artificiel provoqué par les indigènes de Tsalal ?…

— Qui sait, monsieur Jeorling, répliqua le capitaine Len Guy d’une voix altérée par l’émotion, qui sait si quelques-uns de ces malheureux n’ont pas survécu, soit au massacre, soit à l’éboulement, si un ou plusieurs n’ont pu échapper aux indigènes ?…

— Dans tous les cas, répliquai-je, il serait difficile d’admettre que ceux qui auraient survécu fussent encore vivants…