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le sphinx des glaces

catapulte !… C’est lui qui venait d’attirer avec une force irrésistible tous les objets de fer du Paracuta !… Et notre embarcation aurait eu le sort de l’autre, si sa construction eût employé un seul morceau de ce métal !…

Était-ce donc la proximité du pôle magnétique qui produisait de tels effets ?…

L’idée nous en vint tout d’abord. Puis, réflexion faite, cette explication dut être rejetée…

Du reste, à l’endroit où se croisent les méridiens magnétiques, il n’en résulte d’autre phénomène que la position verticale prise par l’aiguille aimantée en deux points similaires du globe terrestre. Ce phénomène, déjà expérimenté aux régions arctiques par des observations faites sur place, devait être identique dans les régions de l’Antarctide.

Ainsi donc, il existait un aimant d’une intensité prodigieuse dans la zone d’attraction duquel nous étions entrés. Sous nos yeux s’était produit un de ces surprenants effets, qui avaient été jusqu’alors relégués au rang des fables. Qui donc a jamais voulu admettre que des navires pussent être irrésistiblement attirés par une force magnétique, leurs ligatures de fer larguant de toutes parts, leurs coques s’entrouvrant, la mer les engloutissant dans ses profondeurs ?… Et cela était pourtant !…

En somme, voici quelle explication de ce phénomène me paraît pouvoir être donnée :

Les vents alizés amènent d’une façon constante, vers les extrémités de l’axe terrestre, des nuages ou des brumes dans lesquels sont emmagasinées d’immenses quantités d’électricité, que les orages n’ont pas complètement épuisées. De là une formidable accumulation de ce fluide aux pôles, et qui s’écoule vers la terre d’une manière permanente.

Telle est la cause des aurores boréales et australes, dont les lumineuses magnificences s’irradient au-dessus de l’horizon, surtout pendant la longue nuit polaire, et qui sont visibles jusqu’aux zones