Je mentionnerai, en passant, que Dirk Peters, à mesure qu’il s’éloignait de ces lieux où il n’avait retrouvé aucune trace de son pauvre Pym, était plus taciturne que jamais, — ce que je n’aurais pas cru possible, — et il ne me répondait plus, lorsque je lui adressais la parole.
Cette année 1840 étant bissextile, j’ai dû porter sur mes notes la date du 29 février. Or, ce jour étant précisément l’anniversaire de la naissance d’Hurliguerly, le bosseman demanda que cet anniversaire fût célébré avec quelque éclat à bord du canot.
« C’est bien le moins, dit-il en riant, puisqu’on ne peut me le fêter qu’une année sur quatre ! »
Et l’on but à la santé de ce brave homme, un peu trop bavard, mais le plus confiant, le plus endurant de tous, et qui nous ragaillardissait par son inaltérable bonne humeur.
Ce jour-là, l’observation donna 79° 17′ pour la latitude et 118° 37′ pour la longitude.
On le voit, les deux rives du Jane-Sund couraient entre le cent dix-huitième et le cent dix-neuvième méridien, et le Paracuta n’avait plus qu’une douzaine de degrés à franchir jusqu’au cercle polaire.
Après avoir fait ce relèvement, très difficile à obtenir à cause du peu d’élévation du soleil au-dessus de l’horizon, les deux frères avaient déployé sur un banc la carte si incomplète alors des régions antarctiques. Je l’étudiais avec eux, et nous cherchions à déterminer approximativement quelles terres déjà reconnues gisaient dans cette direction.
Depuis que notre ice-berg avait dépassé le pôle Sud, il ne faut pas oublier que nous étions entrés dans la zone des longitudes orientales, comptées du zéro de Greenwich au cent quatre-vingtième degré. Donc, tout espoir devait être abandonné soit d’être rapatriés aux Falklands, soit de trouver des baleiniers sur les parages des Sandwich, des South-Orkneys ou de la Géorgie du Sud.
En somme, voici ce qu’il était permis de déduire, eu égard à notre position actuelle.